Qui dans le sud n'a jamais pesté contre cette pendille souillée, pleine de moules ou de vers, vaseuse, qui macule autant nos habits que nos bateaux quand nous rentrons d'une magnifique sortie en famille, entre amis, ou même en solitaire, et qui en quelques secondes nous gâche le plaisir comme si elle le faisait exprès, en nous disant "tu ne pourras pas m'échapper !" ?
En effet, les chanceux bretons sédentaires ne le savent pas, heureux eux, mais ici, dans le sud, certes on n'a peut-être pas les marées, mais on a bien pire : les pendilles !
La pendille, c'est ce petit cordage, cet appendice nauséabond, parasite du ponton, qui descend fourbement dans l'eau du port pour aller y chercher la vase du fond et se laisser coloniser par les moules et les vers (il y en a de plusieurs dizaines de centimètres, si, si, si gros que des fois même on se demande si les vers mangeurs d'hommes ça n'existerait pas), et qui doit obligatoirement être repêché dans l'eau (toute bouée est interdite) pour y amarrer l'avant du bateau, qui comme chacun sait en Méditerranée se mouille "cul à quai".
Certains plaisanciers ont résolu le problème en laissant pendre, lors de leur appareillage, leurs immondes pendilles sur les bateaux voisins.
Un aspect pratique certes, mais un bon moyen pour se fâcher avec ceux qui prennent l'apéro avec eux habituellement, et surtout une couillonnade : il suffit que le voisin appareille lui aussi, et hop, voilà cette monstruosité derechef au fond de l'eau, dans la vase, qui attend qu'on vienne l'y déloger pour recommencer son travail de sape.
Alors bien sûr, depuis le temps, des choses ont été tentées pour résoudre le problème.
Oui mais voilà : le problème n'avait pas encore été vraiment résolu.
Soit les systèmes demandaient un achat dédié d'un gaffe spéciale, coûteuse et encombrante, soit ils se composaient d'un système plus simple mais complètement inefficace, peuchère (mais assez cher tout de même, on parle de bateaux sur la Côte d'Azur et sur les régions voisines*, faut pas l'oublier).
* la voisinitude côtedazuréenne s'étend de Menton à Perpignan. N'oublions pas qu'au milieu, il y a Marseille.
Donc le nauticaerium s'est penché sur le problème, qui n'en est plus un puisque le nauticaerium s'est penché dessus.
Le Pendillon (si vous voulez faire encore plus sudiste, vous pouvez l'appeler "le Pendillon de Toulon", et si vous voulez faire sudiste chauvin, vous pouvez aussi tenter un "Le Pendillon du Mourillon de Toulon", ça ne mange pas de pain - les oursins sont aussi délicieux à la petite cuillère - et ça fait très naturellement authentique) est un système très simple qui se verrouille rapidement sur la gaffe, et qui permet de ramasser la pendille sans forcer et rien salir, et d'aller l'amarrer sur l'avant du bateau en toute facilité.
Juste avant l'opération et une fois finie, il s'enlève et se range dans un coffre du bateau où vous l'oubliez jusqu'à la prochaine fois.
Le Pendillon flotte, ce qui veut dire que vous pouvez seulement allonger le bras sans forcer pour aller récupérer la pendille au quai avec la gaffe augmentée de son Pendillon, et ensuite vous marchez simplement vers l'avant du bateau, le Pendillon se charge de rouler le long de la pendille en vous l'amenant à l'aplomb de la proue, là où vous pouvez remonter la seule partie propre de votre pendille, pour l'amarrer au taquet.
Et ça fonctionne tellement bien que vous verrez, vous aussi vous serez au taquet, tellement vous serez heureux de cet ustensile !
Bon, on n'en dit pas plus pour le moment, c'est déjà bien assez.